Le chemin des étoiles

Avant d’écrire ces lignes, je me suis longtemps demandée de quelle manière j’allais pouvoir retranscrire tout ceci et il m’est apparu que je ne pouvais le faire que de mon point de vue, celui d’un témoin involontaire d’une histoire qui n’était pas la mienne, mais qui au fil du temps l’est devenue. Voici donc ces quelques mots, de moi à toi, qui ne résumeront jamais à eux seuls l’intensité de ces derniers mois, mais qui essaieront malgré tout.

Presqu’un an … des heures qui passent et des jours qui défilent, parfois trop vite, parfois pas assez. Des mois à provoquer des hauts plus hauts pour tenter de compenser les bas de plus en plus bas. Des semaines à jouer à la « La vie est belle », avec le sourire pour épée et l’amitié pour bouclier. Une infinité d’instants paillettes, fun ou surprise, comme autant de shots de bonheur pour te donner l’énergie d’être là où tu devais. Nous avons fait bloc autour de toi pour que les joies éphémères avec nous puissent se transformer en instants d’éternité avec elle. Le temps, ce complice, a su jouer les prolongations, et te permettre de vivre en quelques mois toutes les années qui vous restaient. Pour toi, pour vous, l’univers a décidé de faire un effort, afin que tout se passe au bon endroit, au bon moment. Il t’a permis d’être là pour elle jusqu’au bout, là où étais ta place. Il m’a permis d’être là pour toi, juste à côté, là où étais ma place. Et puis il y a le jour d’après, qui est tellement plus doux quand il n’est pas teinté de regrets. Un jour de soleil, de ciel bleu, de larmes, de mains qui se rejoignent et de bras qui se retrouvent, mais surtout un jour de sourire. Comme il était beau de partager pendant quelques heures votre vie qui passait à deux, donnant l’illusion qu’elle reste à trois, le temps de la transition. Et il y a cet homme que je connaissais qu’à travers toi et dont je venais partager la vie à un moment où tombent les masques. J’ai pu le voir poser sur toi ses regards mêlés d’amour et de fierté, surtout quand tu avais le dos tourné. Vous m’avez donné le rôle de l’arc-en-ciel, entre soleil et pluie, rôle que tu avais joué pour moi il n’y a pas si longtemps.

A l’heure où le monde entier se réunissait pour célébrer la nouvelle année, faire de même aurait semblé incongru, et pourtant… il a voulu nous emmener sur son bateau, là où était installée une bulle de douceur, à l’abri de l’espace et du temps, un endroit où j’ai réalisé que je n’aurais voulu être nulle part ailleurs. Le temps à nouveau a semblé s’étirer et cette soirée ne jamais vouloir finir, entre bulles, chants bretons, mets de réveillon, rires et regards mêlés de fatigue et d’apaisement. Là aussi des signes, qui échapperaient sans doute à la majorité des gens qui ne savent pas les voir. Ces dômes à nos couleurs que nous avions trouvés pour le dessert ont su refléter quatre points lumineux, alors que nous étions 3. Et puis il y avait nos petites licornes, compagnes muettes et témoins elles-aussi de tant de choses que nous avons vécues, qui ont apporté un peu de légèreté. Est-ce elles qui ont permis à ton père d’entrer pour une fois dans cet univers de magie et de partage que nous avons inventé et qui, il y a quelques mois lui aurait paru sans intérêt ? Est-ce elles qui ont mis dans mon sac la dernière lanterne chinoise, qui n’avait rien à faire elle et qui est pourtant apparue comme tellement symbolique ? La dernière heure de l’année s’est achevée sur la plage avec l’envoi de ce message enflammé vers les étoiles.

Quand nous nous sommes réveillées, une nouvelle année venait de commencer, pleine de promesses et nous avions grandi. Toi parce que tu avais découvert que tu pouvais aller au bout de toi-même et conserver encore assez de force pour avancer et aussi car tu venais de faire l’expérience de la vie dans son ensemble. Moi parce que je suis à présent sûre que la manière dont nous avons choisi de vivre est la bonne et que cela me donnera une force et une confiance à toute épreuve.

Et puis il y a cette photo sur la plage, avec ce sourire qui revient déjà parce qu’il n’est jamais vraiment parti. C’est avec cette image que je suis repartie.

Quand je vous ai laissés, j’étais rassurée parce que je savais que tu danserais à nouveau très bientôt, avec une étoile de plus dans les yeux et dans ton ciel. Et ce jour-là, je serai là.