Vivre plus fort

Les temps sont durs pour les rêveurs, ai-je lu quelque part, je ne sais plus où. A vrai dire, les temps sont durs pour tout le monde, mais c’est encore différent pour nous, rêveurs, poètes, artistes, qui avons toujours imaginé les choses autrement. Parce qu’aujourd’hui, il n’y a presque plus de place pour ça. Je dis presque parce que nous sommes d’une espèce qui résiste et se relève à chaque tempête. Nous seuls comprenons la souffrance invisible d’un ballon qui cherche à s’envoler mais est sans cesse ramené au sol, d’un oiseau en cage qui regarde le ciel, d’un rayon de soleil qui lutte pour percer les nuages. Comme il est violent d’écouter les être censés et rationnels prouver par A plus B que nous avons tort, avec une flamme de satisfaction dans les yeux. Parce que oui, évidemment qu’ils ont raison, et qu’aucun argument concret ne peut leur être opposé, car les rêves appartiennent à un univers abstrait, où il n’est nul besoin de preuve. Là où ils cultivent le pouvoir de la raison sur l’imagination, démontré si souvent, nous voyons une énième tentative échouée de faire entrer un peu de magie dans leurs yeux. Comme il est difficile de vivre dans un corps d’adulte avec le cœur qui espère, le rire qui éclate, les yeux qui pleurent et le cerveau qui déborde comme ceux d’un enfant… Pourtant, malgré tout ceci, je ne regrette pas de faire partie de ceux qui nagent en permanence à contre-courant, car, même si nous l’oublions souvent, c’est l’imagination qui crée la réalité, ou du moins une part de la réalité, celle qui donne du sens à la vie… Licorne 1